Place des thérapeutiques d’extraction naturelle : argile et dermatologie. “Pourquoi utiliser l’argile dans les plaies chroniques ?”
Par les Dr J.C. Charrié 1, M. Rautureau 2, Dr J.C. Lapraz 3.
Le clinicien trouvera dans cet article les diverses utilisations possibles de l’argile en fonction des différents stades de la prise en charge des plaies chronique, ainsi que les justifications scientifiques de cet usage. Le praticien pourra ainsi enrichir sa pratique en apportant au patient des soins d’excellence, faciles d’usage et pouvant contribuer à la limitation des dépenses de santé publique.
Mots clés : Argiles, minéraux argileux, plaie chronique, escarre, ulcère de jambe, milieu humide.
Key words : clays, clay minerals, chronic wound, scab, ulcer of leg, moist environment.
RÉSUMÉ :
Après un premier article de présentation générale des argiles, celui-ci s’adressera plus particulièrement au clinicien qui trouvera ici les diverses utilisations possibles de l’argile en fonction des différents stades de la prise en charge des plaies chronique, ainsi que les justifications scientifiques de cet usage. Le praticien pourra ainsi enrichir sa pratique en apportant au patient des soins d’excellence, faciles d’usage et pouvant contribuer à la limitation des dépenses de santé publique.
ABSTRACT :
After an initial overview section of clay, this one will target specifically the clinician who will find here the various possible uses of clay for the different stages of treatment of chronic wounds, as well as the scientific justification of this use. In this way the practitioner may enrich his practice by providing to the patient care of excellence, easy to use and being able to contribute to the limitation of public health expenditure.
L’usage empirique de l’argile dans le soin des plaies chroniques est connu depuis toujours (3). Dans le but de confirmer ou d’infirmer la véracité des résultats rapportés par la tradition, des chercheurs fondamentalistes et des médecins cliniciens ont mis en place depuis plusieurs années des travaux ainsi que des recherches cliniques. Les résultats qu’ils ont pu constater, et qui répondent aux critères de la science actuelle, justifient pleinement, comme nous le verrons, la réintroduction dans l’arsenal thérapeutique de l’usage de produits d’extraction naturelle, abandonnés par méconnaissance de la réalité de leurs effets.
Une présentation générale des argiles permettant de connaître l’origine de leurs propriétés a été faite dans un article préliminaire.
Une telle stratégie nous semble nécessaire car, peu onéreuse, elle permet de limiter les coûts de la santé publique dans les pays riches, et aux pays en voie de développement d’accéder de façon raisonnable à des traitements financièrement abordables. Elle s’inscrit pleinement dans les recommandations de la Conférence de consensus de l’ANAES (Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé ) sur la prévention et le traitement des escarres, qui conclut ainsi : « Le jury tient à attirer l’attention sur la faiblesse quantitative et qualitative des études et recherches portant sur les escarres. Des informations d’un niveau de preuve suffisant concernant l’évaluation, la prévention et le traitement des escarres manquent. Il est recommandé de favoriser les études et la recherche sur ces thèmes ».
Nous aborderons l’approche clinique de la plaie chronique constituée et de son traitement local, sans préjuger des mécanismes d’amont (pathologies artérielles), ou d’aval (pathologie veino-lymphatique) ou généraux (dénutrition protéique, diabète, grabatisation…) impliqués dans l’affection.
Selon les conclusions de la Conférence, le lavage de référence de la plaie doit se faire au sérum physiologique et la plaie ne doit pas être asséchée. Il faut protéger la peau des macérations. Et dans l’escarre constituée, les trois temps essentiels permettant la relance du bourgeonnement puis de l’épithélialisation sont successivement : l’élimination des tissus nécrosés, le contrôle des exsudats ainsi que du pullulement bactérien dont la présence maîtrisée est un garant de la bonne évolution de la plaie. Nous allons développer le rôle de l’argile sur ces différents paramètres.
1. Nettoyage d’une plaie :
L’ANAES conseille le recours au sérum physiologique, toutefois – à condition qu’elle soit potable – l’eau du robinet peut suffire. Néanmoins il existe des régions du monde où, du fait de sa rareté, l’accès à l’eau potable reste difficile. Réservée à la boisson ou à l’alimentation, elle ne pourrait être utilisée pour nettoyer les plaies. Cependant, un tel écueil peut être évité car l’argile est à même d’assainir les eaux non potables. En effet, elle est dotée de propriétés à même d’assurer un tel usage :
- Les propriétés d’adsorption et d’absorption de l’argile sont les principales raisons de ses propriétés de purification. Les feuillets d’argile sont constitués d’éléments chimiques à l’état d’ions, l’équilibre électrique implique la neutralité des charges présentes dans sa structure. Les argiles sont par ailleurs des phyllosilicates microcristallisés. Tout écart à la composition (en général dû à des substitutions ioniques hétérovalentes ou à l’existence des importantes surfaces développées par les particules d’argile), impose une compensation par des charges électriques qui sont apportées par des ions, dits compensateurs, venant du milieu extérieur à l’argile. La mise en suspension d’argile dans de l’eau facilite la mise en œuvre du mécanisme d’échange de ces ions, permettant ainsi de piéger un bon nombre d’ions ou de molécules indésirables.
- Les dimensions des particules d’argile, constituées par l’empilement de feuillets très fins (épaisseur de l’ordre du nanomètre) et limitées dans leurs plans à quelques micromètres, leur confèrent de nombreuses propriétés. Mises en suspension dans l’eau, elles offrent ainsi une importante surface active par absorption et adsorption. En fixant alors des ions, des molécules polaires ou de très petits objets (microorganismes en particulier), elles assurent ensuite par décantation très lente, l’entraînement des impuretés indésirables d’une eau polluée.
- Filtration sur sable associé à l’argile, cette méthode, toujours utilisée, a permis de rendre potable l’eau des grandes villes au XVIIIe siècle et d’éradiquer des maladies dévastatrices comme le choléra.
L’argile que nous utilisons dans notre pratique est fournie par la société ARGILETZ. Nous l’avons sélectionnée parce qu’elle bénéficie d’un agrément alimentaire . Des recherches effectuées par cette société ont démontré une diminution de 92,3% (1) du nombre de micro-organismes par rapport au nombre contenu dans la solution initiale entre le 3ème et le 5ème ajout de 25g d’argile dans une solution de 500 ml d’eau distillée dans laquelle on avait versé 1 ml d’une solution microbienne titrée à 109 bactéries/ml.
Il convient d’utiliser le surnageant d’argile obtenu de la façon suivante : verser une quantité d’argile dans un récipient d’eau (l’usage va de 1 cuillère à café pour un verre d’eau d’apparence propre jusqu’à 90 g d’argile pour un litre d’eau à purifier). Agiter puis laisser décanter au moins 4 heures afin de permettre une hydratation complète de l’argile qui provoque l’ouverture des feuillets et la captation par ces derniers des toxines et bactéries rendant l’eau insalubre. Ensuite, après décantation, le liquide surnageant peut être utilisé pour laver les plaies.
2. Protection de la macération, contrôle des exsudats, hydratation de la plaie
Nous savons depuis 1962 (4) que la cicatrisation se fait en milieu humide. Ainsi, depuis cette époque, toute la recherche sur les pansements s’est efforcée de trouver des solutions permettant de maintenir l’humidité dans la plaie. Mais, on sait aussi, que la peau saine en périphérie ne doit pas macérer du fait de l’humidité ambiante, car cela la fragilise et peut favoriser l’extension de la plaie de proche en proche.
2.1. Il est donc important de maîtriser la macération sur la périphérie des plaies. Pour éviter cette macération, il est souvent nécessaire de recourir à un pansement dont la propriété absorbante de l’exsudat est recherchée. Actuellement, les hydrofibres, les hydrocellulaires et les alginates sont recommandés dans cette indication (ANAES) car ils permettent une absorption verticale, tout en maintenant la plaie dans un milieu humide. L’argile, bien utilisée, peut aussi répondre à ces exigences car avec sa capacité d’hydratation et de retenue de l’eau, elle peut réguler les exsudats tout en maintenant humide le contact avec la plaie.
Deux types d’argiles peuvent convenir. La plus connue est le talc, une argile blanche, que l’on utilise couramment associé à du glycérol et à de l’oxyde de zinc dans une préparation appelé « Pâte à l’eau ». Toutefois, une argile à forte concentration d’illite peut, sous forme de pâte, être également utilisée pour réduire la macération.
Rappelons que l’action de l’argile est la conséquence de diverses propriétés liées à la nature de sa structure cristalline. Le terme argile désigne des matériaux dont le caractère commun est d’être des phyllosilicates hydratés (c’est-à-dire des minéraux silicatés composés de feuillets contenant de l’eau ou des hydroxyles). Leur caractère microcristallisé leur confère des caractéristiques de surface qui conditionnent la plupart de leurs propriétés. La notion de surface est celle de la limite des particules. Ainsi, il existe des faces extérieures planes des particules mais également celles de leurs bords. Les faces planes externes peuvent adsorber des entités diverses (ions, molécules, microorganismes…). Les bords des feuillets présentent des liaisons ioniques non satisfaites, elles se saturent par fixation en général de H+ ou de OH-,mais aussi en fonction de nombreuses autres opportunités locales.
Par ailleurs, les particules étant formées par des feuillets empilés, il existe une seconde famille de surfaces situées entre les feuillets, non accessibles directement de l’extérieur mais seulement après un mécanisme « d’ouverture des feuillets ». C’est ce mécanisme qui entre en jeu lors de l’hydratation des argiles qui, en absorbant de l’eau entre les feuillets, peuvent gonfler. Le mécanisme inverse existe et la déshydratation d’une argile primitivement hydratée conduit à un retrait connu, par exemple, par le craquèlement des sols argileux.
Enfin, il ne faut pas négliger le phénomène d’adhérence qui permet à de très petites particules (quelques nanomètres, telles que des oxydes par exemple) de « coller » sur des surfaces. Des particules d’argile peuvent elles-mêmes adhérer sur des objets plus gros, tels que des microorganismes ou des membranes cellulaires.
Tous ces mécanismes sont éminemment d’ordre physicochimique. Un des moteurs essentiels est celui de l’action des ions de substitution et des ions compensateurs interfoliaires.
A ce point de vue, il faut bien distinguer l’eau d’hydratation des cations interfoliaires qui est liée et l’eau interparticulaire qui est peu liée et qui par chauffage léger peut se dégager assez rapidement de l’argile (une terre argileuse et l’argile sèchent naturellement en se craquelant). L’eau d’hydratation des cations ne se libère de l’argile que par chauffage plus important, au-dessus de 105°C, mais elle peut être mobilisée lors des processus d’échange. Suivant le type d’argile (nature du feuillet et des ions interfoliaires), les situations sont très diverses ; néanmoins elles ont été largement étudiées par les spécialistes des argiles et ces résultats sont exploitables sous la forme de courbes d’isothermes d’absorption.
2.2. Il est également important de maintenir au sein de la plaie, comme l’a démontré Winter, un milieu chaud, humide et pauvre en O2. L’argile peut contribuer à favoriser ce milieu pour les raisons suivantes.
La capacité calorifique d’un mélange eau-argile est importante. La réserve thermique est lente à se dissiper du fait de la présence de l’eau, mais aussi à cause de la rétention de l’eau qui ne peut s’évaporer facilement, la pâte étant imperméable. Les interactions entre l’argile et la zone d’application sont souvent exothermes, ce qui justifie la sensation de chaleur perçue par le patient. Il convient d’être très prudent sur ce point afin de ne pas trop « chauffer » la zone d’application, et donc d’appliquer la pâte d’argile à température ambiante.
Le cataplasme d’argile, par sa face en contact avec l’air ambiant, peut se déshydrater et perdre les propriétés importantes pour son action thérapeutique. On évite cette déshydratation en plaçant un film semi perméable du type Opsite®, Flexifix® ou Tégaderm®, voire un film de cellophane de cuisine, sur la face externe du cataplasme, ou bien en incorporant des huiles (dont les propriétés physico-chimiques sont adaptées à l’emploi de l’argile et au but proposé ) dans le cataplasme, ce qui a également pour objectif de maintenir sa plasticité. L’utilisation d’huiles doit être parfaitement maîtrisée, certaines d’entre elles provoquant une polymérisation sévère du mélange argile-huile (huile de paraffine, par exemple).
Ainsi, comme nous venons de le citer, l’argile mal utilisée peut déshydrater la plaie et s’asséchant également devenir trop dure, et devenir douloureuse au retrait. Il convient donc de bien maîtriser son usage. Au sens de la physique, l’argile hydratée présente trois états de comportements distincts vis-à-vis de son état : fluide, plastique et solide. Il est hors de propos de développer ces notions dans le cadre de cet article, mais l’essentiel est là. Nous décrivons ainsi des « limites physiques » et des « frontières d’états physiques », entre les deux se situe le savoir-faire et le domaine de la recherche fondamentale.
3. Élimination des tissus nécrosés
Cette étape est primordiale pour l’accélération de la bonne évolution de la plaie, mais également pour maîtriser les mauvaises odeurs ainsi que le risque d’infection. En effet, les tissus en phase de nécrose sont riches en bactéries et en phénomènes réactionnels biochimiques créateurs de « mauvaises odeurs ».
Pourquoi l’argile est-elle intéressante pour la détersion et le ramollissement des tissus nécrosés ? L’objectif à atteindre consiste à ramollir la nécrose et, dans un même temps, accélérer l’apparition du sillon d’élimination. Il est alors facile, par la suite, à l’aide d’une pince et d’un bistouri d’éliminer les tissus mortifères de façon non-algique. La détersion se fait naturellement en trois semaines en moyenne, mais elle produit des tissus putrides, véritable bouillon de culture bactérien et source d’odeurs nauséabondes liées entre autres à la production de cadavérine [NH2(CH2)5NH2].
Actuellement, les thérapeutiques à action enzymatique protéolytique sont délaissées et devraient être remplacées par les hydrogels (pour les nécroses sèches) ou les alginates (pour les nécroses humides) [ANAES]. Cliniquement, l’usage de l’argile présente un intérêt certain dans cette phase avec obtention d’une détersion atraumatique en moins d’une semaine en moyenne, et une très bonne maîtrise des odeurs (expérience personnelle).
On retrouve deux acteurs qui ont des propriétés physiques et chimiques similaires, sur certains points, à celles des argiles : hydrogels et alginates. Une propriété commune est celle de la gélification, elle implique un schéma d’interconnexion entre molécules pour les hydrogels et les alginates et entre particules et eau pour les argiles. L’argile possède néanmoins l’avantage d’avoir des réactions d’échanges réversibles. Ainsi, sa déshydratation peut avoir lieu par perte de l’eau interfoliaire d’hydratation des cations compensateurs, sans autre modification, cette étape stabilise un état qui paraît suffisant pour enclencher des variations suffisantes lors d’interventions sur des tissus nécrosés, par exemple.
4. Élimination de la fibrine
Dans les plaies chroniques de type ulcère de jambe, la détersion concerne essentiellement l’élimination de la fibrine qui se dépose dans le fond de la plaie et qui crée en quelque sorte une cicatrisation d’urgence. Mais cette fibrine a pour principal défaut d’augmenter l’hypoxie locale et de bloquer les processus de cicatrisation. Elle favorise également la création d’un biofilm qui renferme de nombreux germes devenant ainsi inaccessibles à toute antibiothérapie et aux antiseptiques. Il convient donc, afin de lutter contre la chronicisation et la surinfection de la plaie, de déterger la fibrine. L’argile peut également présenter un intérêt ici pour les mêmes raisons que celles que nous avons développées dans l’élimination des nécroses.
5. Contrôle du pullulement bactérien
Dans les plaies chroniques de type ulcère de jambe, la détersion concerne essentiellement l’élimination de la fibrine qui se dépose dans le fond de la plaie et qui crée en quelque sorte une cicatrisation d’urgence. Mais cette fibrine a pour principal défaut d’augmenter l’hypoxie locale et de bloquer les processus de cicatrisation. Elle favorise également la création d’un biofilm qui renferme de nombreux germes devenant ainsi inaccessibles à toute antibiothérapie et aux antiseptiques. Il convient donc, afin de lutter contre la chronicisation et la surinfection de la plaie, de déterger la fibrine. L’argile peut également présenter un intérêt ici pour les mêmes raisons que celles que nous avons développées dans l’élimination des nécroses.
Par la détersion, on élimine une quantité importante de bactéries et de molécules malodorantes. C’est par cette action indirecte que l’argile présente un intérêt dans la gestion du pullulement bactérien et des odeurs.
L’argile présente également ici un intérêt direct pour les raisons suivantes :
5.1. Effet barrière :
la mise en place d’argile sur une plaie forme un cataplasme continu. Ce cataplasme est facilement déformable lors de son application et reste ensuite souple si des tensions s’exercent du fait de contacts déformants ou de contraintes nouvelles lors des mouvements inévitables du patient. Les particules d’argile formées de feuillets ont la propriété de plasticité, c’est-à-dire qu’elles peuvent se déformer sans rupture et rester dans la forme imposée après la cessation de tout effort (par opposition à une barbotine qui coule sous l’effet de son propre poids). Cette plasticité est due à l’orientation parallèle des particules et aux faibles forces qui les relient les unes aux autres. Etant hydratée, la pâte n’a plus de porosité hétérogène (porosité contenant de l’air, par exemple). La combinaison de ces deux propriétés rend la pâte étanche à tout transfert de fluide et, en particulier, à l’oxygène de l’air, isolant ainsi les microorganismes. Cet effet est nommé « effet barrière », il est bien connu en hydrologie que les couches d’argiles permettent la création dans le sol de nappes phréatiques.
5.2. Maîtrise des odeurs:
Rappelons que pour qu’une substance possède des propriétés odorantes, il faut qu’elle ait un poids moléculaire modéré, une polarité faible, une certaine solubilité dans l’eau, une pression de vapeur et un caractère lipophile élevés (2).
L’argile, comme le fait le charbon, a également des propriétés lui permettant de capter les odeurs. Les mécanismes sont quelque peu différents, mais dans les deux cas ils font appel à la grande surface des matériaux mis en cause où s’adsorbent les molécules des gaz odorifères. Par ailleurs, pour l’argile, l’effet barrière met en jeu la loi d’action de masse : par confinement temporaire, la source d’odeur ne fonctionne plus correctement et le processus se ralentit. La fixation des molécules odorifères par adsorption sur l’argile maîtrise leur effet et le renouvellement de l’argile permet de les éliminer en même temps que les microorganismes responsables. Ce piégeage des molécules odorantes joue un grand rôle pour le patient lui-même et sa famille, ainsi que dans la disponibilité des soignants.
6. Transport et relargage d’autres principes actifs associés
Il est parfois utile de profiter du pansement comme d’un véhicule pour apporter à la plaie des principes actifs ayant un intérêt (parfois discuté) pour la traiter. De nouveaux produits arrivent sur le marché, les uns apportant un principe actif anti-infectieux, d’autres des anti-inflammatoires, en maintenant des molécules sensées « booster » la cicatrisation. Par ces propriétés, l’argile peut servir de réservoir à certains principes actifs et les rendre utiles pour la plaie. Certaines autres thérapeutiques d’extraction naturelle s’associent de façon satisfaisante avec l’argile, permettant par leur synergie de potentialiser leurs effets thérapeutiques. Il en est ainsi pour deux spécialités dont nous avons l’usage, Escargil® qui est une association d’argile riche en illite, de gel d’Aloès et d’huiles essentielles de Rosmarinus off., lavadula off. et Eugenia caryophylata et Actrys® qui comprend de l’argile, du miel, de la cire d’abeille et des huiles riches en acides gras essentiels (oméga 3, 6 et 9).
L’argile retient les divers adjuvants qu’on lui associe grâce à ses propriétés d’adsorption et d’absorption auxquelles il convient d’ajouter le mécanisme de compensation des charges issues des substitutions hétérovalentes des atomes de l’argile. Dans une situation stable, ces diverses propriétés conduisent à un équilibre. Celui-ci devient précaire en présence d’un milieu d’application tel que la surface support constitué par le membre à traiter. La loi d’action de masse justifie l’évolution de l’équilibre qui devient alors dynamique et permet l’apport des ions ou molécules concernées à ces différents tissus par des mécanismes d’échange ou de transfert. Le rôle essentiel de l’argile est de permettre le transport et le relargage des produits qu’on lui a délibérément associés.
Au terme de cet article, nous avons tenté de montrer et de justifier l’intérêt de recourir à l’argile pour le soin des plaies en dermatologie. Nous avons illustré cet intérêt dans nos ouvrages respectifs (1, 3, 5). Compte tenu de l’enjeu thérapeutique mis en évidence, nous souhaitons vivement que les recherches sur ce sujet se poursuivent et que l’usage médical de l’argile se développe.
Références
- Charrié J.C. ABC de l’argile. Paris, Grancher éditeur, 2006, 240 p.
- Meierhenrich U.J., Golebiowski J., Fernandez X. et Cabrol-Bass D. : De la molécule à l’odeur, les bases moléculaires des premières étapes de l’olfaction. L’actualité chimique, 2005, 289, p. 29 – 40.
- Rautureau M., Liewig N., Gomes C., Katouzian-Safadi M. Argiles et santé, Paris, Lavoisier, collection Editions Médicales Internationales, 2010.
- Winter G.D. Formation of scab and rate of epithelialization of superficial wounds in the skin of the young domestic pig. Nature, 1962, 193, p. 293-294.
- Duraffourd C., Lapraz J.C., Traité de phytothérapie
Notes
- Dr J.C. Charrié 1 : Docteur en Médecine, Dipl. Univ. Plaies et Cicatrisation, Société Internationale de Médecine Endobiogénique et de Physiologie Intégrative (SIMEPI).
- M. Rautureau : Docteur es sciences physiques, Université d’Orléans.
- Dr J.C. Lapraz : Docteur en Médecine, Société Internationale de Médecine Endobiogénique et de Physiologie Intégrative (SIMEPI).